The Devil's Pact ft. Sveira

The Devil's Pact @Sveira Ingan

Cela fait déjà plusieurs jours que la caravane fait route pour Al-Poll. Jusqu'ici, aucun incident majeur n'est à déplorer ce qui n'est clairement pas pour déplaire à Caliban Kazrel. Pour une fois qu'un plan et qu'un trajet se déroulent sans accroc, cela lui fait de sacrées vacances. D'ailleurs, il ne peut s'empêcher de penser que le karma lui reviendrait forcément dans la figure à un moment où un autre tant cela se passe bien. Soit avant d'arriver à destination, soit dans la "capitale du Nord", pour la mise en place d'un contrat intéressant pour importer des pierres que lui avait demandé Mical, son mixologue. Confiance aveugle, qu'il regrette parfois, mais il se devait d'être présent auprès du fournisseur pour négocier. Puis, il n'a pas encore eu l'occasion de se rendre dans la "nouvelle" pierre précieuse de l'Empire. Au moins le tourisme pourrait-il être intéressant.

Quoi qu'il en soit, il s'est correctement entouré pour cette expédition qui lui fait traverser l'Empire et il savait exactement qui demander pour le protéger et l'accompagner pour ce voyage. Son second -et véritable- objectif à ce périple. Sveira Ingan. Unique fille de feu-Halvor et unique soeur du chef actuel d'un des plus grands clans Thuls. Un nom qu'elle porte avec fierté, même s'il a su déceler la courbure dans sa tenue, symptôme des fêlures dans l'âme et dans le coeur. A force de missions et de trajets, Cal' avait fini par connaitre la jeune rouquine. Etonnant qu'une Thüle de son âge ne soit pas encore mariée et entourée de marmots, chose qu'il admire, surtout qu'il lui a forcément fallu faire face à ses traditions, mais l'entrepreneur ne peut s'empêcher de le voir comme une opportunité. De celle qu'il ne faut pas louper, aux vues de ses ambitions. Un contrat avec si peu de contraintes ne pouvait que les satisfaire tous les deux Et puis ... Parmi toutes les options se présentant à lui, il doit s'avouer que se lier à Sveira ne lui semble pas le pire des destins. Au-delà du fait qu'il ne peut nier qu'elle soit agréable à regarder, parfois, il s'imagine que leur relation va au-delà du simple cadre professionnel et qu'il peut la considérer comme une amie.

Sa tignasse rousse s'approche alors de lui, assis sur sa caisse de bois face au feu de bois mis en place pour leur nuit non loin de Villefranc. Dernière trace de grande civilisation, ils ont encore le plus dur à passer avant d'atteindre leur destination. Il sait aussi qu'ils risquent aussi de croiser certains des siens, et son discours est déjà près pour la couvrir. La protéger. Il se tourne vers la nouvelle arrivante et lui tend le bol chaud qu'il a gardé pour elle : « Je t'ai gardé ça, c'est encore chaud. Normalement, cela devrait être mangeable, mais je ne préfèrerai pas parier mon cabaret là-dessus. Autant quand même en profiter avant de commencer les réserves de viandes de siffleurs ... » autant commencer une discussion qui s'annonce compliquée avec un certain signe de paix.

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@Caliban Kazrel

Villefranc l'ennuie.

Aucun doute que pour beaucoup d'Alaviriens, juste voir une nouvelle ville serait impressionnant. L'occasion de s'exciter un moment, de s'émerveiller devant de nouveaux paysages, mais pour elle ce n'est qu'une habitude. Presque une routine, vraiment, qui n'apporte rien d'intéressant à ses yeux.

C'est la Guilde du Commerce qui l'a contactée pour escorter la caravane. Elle n'a aucun doute que Kazrel a fourré ses doigts dans le contrat pour être certain que ce serait elle qui s'occuperait de la sécurité — il a simplement eu de la chance qu'elle soit libre, et qu'elle n'ait pas eu grand-chose d'autre à faire sur le temps que le trajet va prendre. Même si remonter vers le nord la fait un peu grincer des dents — elle n'a pas remis les pieds dans les Plaines de Shaal depuis son exil il y a trois ans.

Ils devront les traverser pour rejoindre Al-Poll. Elle espère juste qu'aucun des clans ne va les emmerder à cause de sa présence — au mieux elle pourra leur rabattre le caquet avec le contrat qu'elle a signé pour la Guilde, au pire ça se terminera en duel sur l'honneur, et elle préférerait éviter ce genre de problème. Surtout si ça remonte aux oreilles de Magnus.

Mais pour le moment, ils sont à quelques lieues de Villefranc, sur un promontoire rocheux qui offre une vue imprenable sur les lumières du village et sur les méandres de la portion nord du Pollimage. Sveira observe le paysage un moment avant de s'en détourner, de faire son tour habituel pour vérifier que tout est en place et que les hommes sont bien à leurs postes, et ce n'est qu'une fois avec cette assurance qu'elle s'autorise à se détendre, juste un peu.

Et à aller chercher quelque chose à manger. Son estomac crie volontiers famine, et ses pas l'amènent naturellement vers le feu — et vers Caliban Kazrel lui-même, installé sur une caisse de bois et qui tourne déjà la tête vers elle. D'un geste sec, elle fiche sa hache dans le sol et s'installe à côté de lui avec un soupir. « Merci. C'est gentil. » Une gentillesse qui aurait tendance à la rendre suspicieuse, mais elle connaît l'Aline depuis un moment maintenant.

Et même si Caliban Kazrel a toujours quelque chose derrière la tête, elle a tendance à lui faire confiance. Juste un peu.

Et effectivement, le ragoût est... mangeable. Pas de la grande cuisine, mais ça réchauffe, et ça remplit le ventre, et c'est toujours meilleur que la viande de siffleur séchée, donc elle l'avale sans trop protester ni grimacer. Elle a avalé pire, après tout. « J'ai pas hâte de devoir remonter les Marches du Nord avec cette neige, » qu'elle marmonne finalement, les sourcils froncés. « Quelle idée d'avoir décidé de partir en plein hiver, franchement... »

Mais bon. C'est de l'argent. Elle ne va pas trop se plaindre.

The Devil's Pact @Sveira Ingan

Elle se saisit du bol sans sourciller, en étonne presque le Mercurien, mais le rassure sur la conversation à venir. Au moins avait-elle suffisamment faim pour s'installer ici, malgré l'air maussade qui plane sur ses traits. Certaines de ses préoccupations sortent, mais le menteur invétéré sait parfaitement déceler la diversion des véritables intentions. Oh qu'il ne remet pas en question la difficulté qui s'annonce : « Ce n'est quand même pas quelques flocons et de l'eau froide qui pourrait t'arrêter. Voire nous arrêter. ». Utilisation du pronom à bon escient. Quelques graines plantées, l'air de rien. Puis, autant être honnête, il aime bien ça et il y croit. La rousse dégage une sorte d'assurance qui ne lui fait pas craindre l'avenir et ce qui pourrait leur tomber sur le coin du bec.

Même s'il continue : « Tant que l'on continue sur du dur, à des kilomètres du moindre bateau, tout me va, même le plus froid des Hiver. ». Et ce ne fut rien de le dire. Rien que la vue du Lac Chen lui offrit quelques sueurs froides difficiles à camoufler. Il n'en parle d'ailleurs pas beaucoup, mais il eut déjà l'occasion de se confier à elle lors de l'une de leurs précédentes escapades jusqu'à la ville des Navigateurs. Les détails ne furent pas présents, mais il dut quand même lui avouer ses véritables origines, confiance en partie donnée. Et évoquer les flammes. Sale souvenir pour lui, qui lui colle à la peau du cou. Autant ne pas trop le ressasser.

Son bol terminé, il le repose près du feu avec le reste de vaisselle sale qui serait nettoyée ensuite avant leur départ. Il connait les véritables raisons de son air renfrongé, autant les aborder tout de suite et lui montrer qu'il n'est pas vraiment dupe : « Puis, si nous faisons des rencontres "fortuites" d'autochtones, il me semble que tu t'y connais pas trop mal en coutumes locales. Et que je ne suis pas trop mauvais pour convaincre les gens du bien fondé de mes décisions. » y compris celle de l'emporter avec lui. Non, il est même le meilleur. L'argent, les bons mots et tout devient facile. « Et dans le pire des cas, il n'y a rien qu'un bon petit dessin et qu'un coup de hache ne puissent régler. ». Talents alliés. Autant commencer déjà à se mettre en avant, encore une fois, l'air de rien. Toujours dans cette optique, il lui tend un verre plein de la bière qu'il a justement acheté sur Al-Chen. Un sourire en coin, l'air taquin sur le visage alors qu'il possède déjà son propre verre : « Ou l'alcool, ça dépend des méthodes. »

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@Caliban Kazrel

L'emphase mise sur le pronom au pluriel la fait volontiers tiquer. Sa cuillère s'arrête à mi-chemin entre le bol et sa bouche, lui arrache un froncement de sourcils franchement suspicieux, et le regard qu'elle pose sur lui s'est plissé. Elle n'est pas certaine de ce qu'il est en train d'insinuer, et encore moins certaine de vouloir savoir — mais elle finit par secouer la tête et par reprendre son repas. « J'ai l'habitude de la neige, et Kyara est une Itinérante expérimentée, mais la moitié du contingent ne sait pas se battre dans des congères d'un mètre cinquante. Et c'est ce qui nous attend. » Un soupir ensuite, qui s'échappe de ses lèvres en un petit volute blanc. « Estimons-nous simplement heureux que les Raïs attaquent moins l'hiver. »

Elle aurait préféré faire le voyage en bateau. C'est plus sûr, et son peuple a installé un petit port sur la rive est du Pollimage justement pour les caravanes qui rejoignent Al-Poll par navire afin d'éviter les Plateaux d'Astariul. Mais elle ne peut que supposer que c'est Caliban qui a insisté pour qu'ils prennent la voie terrestre ; elle est parfaitement au courant de ses origines, et de la cause des brûlures qu'on peut apercevoir sur son cou. Une preuve de confiance qu'elle a acceptée avec un certain sentiment d'honneur. Il lui manque des détails, mais elle n'ira pas les chercher d'elle-même, pas s'il ne décide pas de les lui offrir en premier. Ce n'est pas sa place.

Et lui n'a jamais cherché à la questionner sur la raison qui pousse une Thüle si loin de ses terres ancestrales, même si elle n'a aucun doute qu'il a ses suppositions, et qu'elles sont sûrement bonnes. Peut-être même qu'il est allé farfouiller de son côté, mais elle ne peut pas le blâmer... Même si l'idée lui donne envie de lui casser le nez. Sveira n'aime pas en parler, et elle tient à sa vie privée.

Et effectivement, Caliban Kazrel n'est pas dupe. Elle en lèverait presque les yeux au ciel, mais à la place elle se contente de déloger son arme du sol gelé dans lequel elle l'a plantée et sort une pierre à aiguiser de son sac avec un soupir. « Tu devrais plutôt prier pour que nos éventuelles rencontres avec les autochtones, comme tu dis — et dont je fais partie, je te rappelle — ne se terminent pas en duel d'honneur. » Ses sourcils se froncent un peu alors qu'elle constate qu'une des runes gravées sur les lames commence à s'éroder. Il faudra qu'elle s'en occupe. « Et tes Dessins, aussi puissants et impressionnants soient-ils, ne t'attireront que la méfiance des clans. On met de la valeur sur le combat brut, pas sur des objets éphémères sortis de l'imagination d'une personne. » Du concret, c'est ça que les Thüls veulent.

Comme le gobelet de bière qu'il est en train de lui tendre. Elle hésite un moment mais finit par s'emparer avec un sourire, puis elle secoue la tête — sa longue tresse rousse bat l'air et manque de le frapper au passage. « Crétin. » Mais il y a de l'affection dans le ton de sa voix, qu'elle n'arrive pas tout à fait à effacer. La première gorgée fait du bien, et l'atmosphère glaciale maintient la boisson à une température parfaite. « A choisir, je préférerais encore tomber sur le clan Svenson. » Peut-être que l'affection qu'ils portaient à sa mère pourrait leur servir de sauf-conduit, à défaut...

The Devil's Pact @Sveira Ingan

Ses paroles font mouche. Sont lancées pour se ficher dans la cible quand la Thüle devient plus loquace et que la pointe d'amertume teinte ses paroles. Il comprend tout à fait ses préoccupation, sommes toutes professionnelles, même si celles-ci changent quand il est question de son peuple. Le mercurien est donc presque sûr de ses informations et de ce qui en découle. Rien que le ton qu'elle emploie les lui confirme. Alors son plan peut alors prendre place, même s'il sait qu'il s'expose à bien plus que des paroles acerbes.

Tant pis, parfois, il faut prendre des risques dans la vie.

« Un combat est un combat. Quelque-soit l'arme utilisée, il n'y a que le résultats violent qui compte et impressionne. » Dure réalité de la vie apprise dans les rues crasses des villes de l'Empire. Peu importe la façon, la violence est toujours la même et ferme les bouches autant que qu'elle écarquille les yeux. Mais il note quand même l'avertissement dans un coin de son esprit. S'il veut s'allier à l'un des clan Thüls pour ses desseins, il lui faudrait faire preuve de plus de ruses et éviter certaines formes de combats.

Il reporte néanmoins son attention sur elle, toujours le sourire en coin présent : « Comme si j'allais oublier cette évidence. Tout ton corps et ton être hurlent tes origines, Thüle. ». Tout se confirme quand elle se saisit de ce qu'il lui offre, choppe bien remplie de ce liquide ambrée, aux même reflets que ses cheveux qui brillent sous la lumières des flammes du camps. Charmant mélange de couleurs chatoyantes et chaude, l'ambiance se décline dans une étrange atmosphère agréable, même sur le fil de la tension. A moins que ce ne soit l'alcool qui ne fasse déjà effet ...

Quoi qu'il en soit -ou probablement à cause de cela-, le beau parleur continue sur sa lancée : « Un crétin qui te connait quand même un peu ... », l'insulte est enveloppée d'affection et il préfère s'en saisir. En profiter. « Plus que les Ingan ? Tu les connais bien, ou mieux ? ». On ne sait jamais, toutes les informations sont bonnes à prendre, et cet aveu qu'elle lui fait n'est pas tombée dans les oreilles d'un sourd. Peut-être que le plan qu'il s'est établi pourrait encore se développer. Mais, même au-delà de cela, il est sincèrement curieux d'en apprendre plus sur celle qui l'accompagne. « Quelque-soit ton inquiétude, je pense pouvoir m'y prendre correctement et sans forcément prendre les armes. Après tout, je suis plus négociant que véritable combattant, comme tu l'as finement fait remarquer. ». Une nouvelle gorgée de l'alcool frais qui réchauffe. Et délit les langues ...

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@Caliban Kazrel

Elle ricanerait presque au commentaire de Caliban, mais elle se contente d'un sourire un peu amer, un peu ironique aussi, alors qu'elle passe sa pierre à aiguiser le long du fil de sa lame d'un coup sec. « Là est toute la différence de nos cultures, alors. » En dépit de leur réputation, les Thüls ne sont pas des brutes sans cervelle. Même s'ils aiment se battre, et se confronter aux meilleurs, c'est toujours dans le but de s'améliorer, et l'honneur est peut-être la chose la plus importante à leurs yeux, après les ancêtres. Un combat sans honneur n'est pas bon à mener, et l'utilisation de l'Imagination au lieu d'une bonne vieille arme bien solide n'a aucun honneur aux yeux de son peuple.

C'est ainsi. Sveira a su se détacher de cet état d'esprit à force de voyages, et à force de fréquenter Caliban, elle doit l'admettre. Même si elle ne le dira jamais à voix haute. « Mmh. » Elle ne réplique pas plus, se contente de siroter sa bière en secouant légèrement la tête, mais la conversation vogue, se fait agréable en dépit de la tension qui continue de se glisser dans leurs voix. Elle n'a aucun doute que Caliban essaie de gratter de nouvelles informations, mais pourquoi pas lui faire plaisir, pour une fois. « Malheureusement pour moi, » qu'elle lâche, dramatique au possible, mais il y a toujours une trace d'affection dans sa voix. Elle continue d'aiguiser le fil de sa hache, mouvements répétitifs et lents qui la bercent presque et la ramènent à une époque où tout était beaucoup plus simple.

Plus que les Ingan ?

La question est complexe. Lui arrache un long soupir, encore un, et elle reste silencieuse un moment, le temps de rassembler ses pensées. « C'était le clan de ma mère, » qu'elle commence, d'une voix un peu pensive. Un peu triste, aussi. Rhuna lui manque. « J'ose espérer que l'affection qu'ils lui portaient sera assez pour nous offrir un sauf-conduit, en dépit de mon exil. » C'est la première fois qu'elle en parle à voix haute. Son exil est encore quelque chose de cuisant dans sa mémoire, preuve en est avec la façon dont ses doigts se serrent autour de la poignée de sa hache. « Si on tombe sur mon clan... Et bien, nous serons amenés devant mon frère, qui sera obligé de me provoquer en duel — duel que je devrai accepter, parce que j'ai remis les pieds sur les Plaines de Shaal alors que j'ai été exilée. Et je sais que je n'ai aucune chance contre Magnus. »

Elle connaît ses capacités. Sur le bout des ongles, et elle n'a aucune honte de les affirmer, de se dire douée dans le domaine du combat — plus douée que bien des gens, en tout cas. Mais Magnus reste au-dessus d'elle, elle le sait pertinemment, et ce serait de l'arrogance — et un sacré mensonge — que d'affirmer le contraire.

L'alcool délie les langues. Et la détend peut-être un peu, parce que l'éclat de rire qui échappe à Sveira est franc, soudain, et entièrement sincère. « C'est vrai. Tes bras mériteraient un peu plus de muscle. » Elle se souvient encore de la chute en avant qu'il a faite en essayant de soulever sa hache, qui pèse sans doute aussi lourd qu'eux deux réunis, une chute qui l'avait lancée dans un fou rire irrépressible qui avait bien duré dix minutes. Et qui lui avait fait un bien fou, aussi. Mais elle finit par se calmer, et même si le sourire reste sur son visage, il se teinte d'un peu de douleur. « Mais même si tu as une langue d'argent, ma simple présence va compliquer les choses. Je préfère te prévenir. » Après tout, il y a une raison pour laquelle elle se cantonne à la moitié sud de l'Empire. Au-delà du Gour, les deux rives du Pollimage n'hésiteront pas à la tuer, et elle ne parle ni des brûleurs, ni des goules, ni des meutes de loups.

The Devil's Pact @Sveira Ingan

La différence de culture ... Caliban ne connait que trop bien ces barrières artificielles dressées par les Hommes. Dans son esprit, même si cela apporte une certaine forme de diversité, les frontières tracées sont difficiles à franchir.

Heureusement pour lui, l'ambiance ne se laisse pas emporter par cet état de fait et continue tranquillement à se détendre à mesure qu'ils discutent et que leur boisson diminue dans leurs gobelets. Pour venir à certaines confidences et précieuses informations. Le manipulateur n'en manque pas une miette, sachant déjà ce qu'il pourrait faire d'une pareille info, s'intégrant très facilement dans le plan complexe qu'il a élaboré il y a plusieurs jours ou semaines déjà. Même si cette part sombre de son être laisse plus place à l'ami qui écoute avec attention, heureux d'en apprendre plus sur son amie. « Osons l'espérer, oui. » qu'il répond simplement avant une nouvelle gorgée. Les liens familiaux sont sacrés chez les Thül, une occasion en or.

Même si le mot est lâché. Exil. Caliban ne fait même pas l'affront d'avoir l'air étonné. Au courant, pour sûr, il l'est. En même temps, cette information n'est clairement pas une surprise vu l'incapacité de la jeune femme à pouvoir se rendre dans les régions du Nord. Les raisons, quant à elle, de cet état de fait furent plus compliquées à obtenir, mais elles restent celles qu'il compte utiliser à bon escient.

Néanmoins, son regard se fait plus acéré, quand il note toute la tension. Cela lui pèse visiblement. Plus qu'elle n'ose réellement le dire à haute voix. Tant mieux. Au moins il sait aussi que cela lui rendrait peut-être service à elle aussi. Encore plus quand elle confirme sa pensée face au dilemme qui se poserait à elle dans une pareille situation. Le regard orage du jeune homme s'allume, les mots qui apparaissent déjà dans son esprit, l'envie de l'aider qui s'ajouter à ses propres desseins.

Mais il continue de siroter sa boisson tout en continuant de l'écouter et de légèrement se vanner à l'occasion. Au moins parvient-il à lui prendre un rire franc et il sait déjà qu'il se fait écho d'une autre situation peu glorieuse. Celle où elle lui avait déjà fait la remarque de faire quelque-chose pour ses bras. Un moment dont la fierté blessée souhaiterait déjà oublier. « Mes bras sont très bien, ce sont les armes qui sont trop lourdes. » qu'il balance, toujours avec sa pointe d'humour et son sourire en coin. Malgré cela, la douleur revient au premier plan et Caliban sait qu'il n'aura pas d'autres occasions : « Pas si la proposition que j'ai à leur faire ne les fasse changer d'avis. ». Par précaution et pour se concentrer d'avantage, il pose son gobelet juste à côté de lui. « Ta présence ne compliquera rien si les raisons de ton exil sont nulles et non avenues. ». Elle ne peut que comprend où il souhaite en venir, alors il ne tarde pas. « Si je me présente devant ton frère pour lui dire que nous sommes fiancés. Car, c'est bien pour cela que ta famille t'a envoyée loin de leurs terres, n'est-ce pas ? ».

Ca y est. La bombe est lancée.

Effectivement, il y a nettement plus romantique comme "demande en mariage" mais il ne faut pas trop en demander à Caliban Kazrel. A ses yeux, ces liens ne sont que des contracts, de ceux qui scèllent des marchés et offrent des opportunités. Une magnifique qui se présente à lui et à elle à cet instant précis. Il sait qu'il ne risque rien de terrible à proposer son plan, alors il continue sur sa lancé : « Tu pourrais retrouver les tiens et les terres qui t'ont élevée. Je ne te demanderais rien de plus que ce que l'on a maintenant. Tu resterais aussi libre que tu le désires, que tu le cherches au point de te faire bannir par ton propre clan. Tout en retrouvant ces liens que tu as perdu. ».

Un contrat en or.
Vraiment ?

The devil's pact

@Caliban Kazrel

Osons l'espérer. Sveira n'espère pas trop. Pas quand il s'agit de son propre peuple, dont elle connaît trop bien les habitudes et les coutumes ; si elle met les pieds dans les Plaines de Shaal et qu'un Ingan leur tombe dessus, elle sait, pertinemment, qu'elle ne passera pas la nuit. Aussi cruel cela semble être, ce sont les lois thüles, et une exilée comme elle n'a plus à pointer le bout de son nez sur ses terres ancestrales.

Tant pis pour elle. Elle a fait son choix, après tout. Elle n'a qu'à s'en prendre à elle-même.

La conversation vogue. Elle partage sans doute plus qu'elle n'aurait osé en temps habituel, sans doute la faute à l'alcool, et à la chaleur agréable du feu devant eux, et à l'impression d'être un peu seuls sur terre, aussi. La plupart des autres membres de la caravane ont rejoint leurs tentes pour une nuit de sommeil bien méritée. Il n'y a plus que les gardes qui font leur ronde autour du campement en silence. « Mensonge, ma hache est parfaitement équilibrée. » De la mauvaise foi, elle le sait. Elle a toute une vie d'entraînement, c'est bien pour ça qu'elle peut la soulever aussi facilement.

Elle se sent bien, Sveira. En dépit de l'amertume et de la douleur que la conversation actuelle peut apporter, elle se sent bien. Puis évidemment, Kazrel lâche une bombe qui fait éclater tout son sentiment de bien-être pour laisser place à l'incompréhension d'abord, puis à une rage intense, qui lui donne l'impression de brûler aussi fort et aussi vif que le feu en face d'eux. Elle est tentée, l'espace d'un instant, de juste se lever et de le couper proprement en deux avec la hache encore sur ses genoux — ses phalanges virent au blanc tellement elle serre les doigts autour du manche, mais elle se retient. Tout juste.

Non, à la place elle préfère lui balancer son gobelet de bière à la figure alors qu'il finit tout juste sa tirade. Caliban finit trempé, et surtout elle a mis assez de force dans le geste pour que son nez se mette à pisser le sang. Peut-être cassé. Elle n'est pas certaine, et elle n'a pas envie de savoir. Tout ce qui importe, c'est les mots qu'il vient de prononcer, et qui lui donnent l'impression d'avoir été plongée dans une bassine remplie d'une substance poisseuse et glacée. « Tu te fous de ma gueule ? » Sa voix éclate dans le silence de cette nuit d'hiver, plus fort qu'elle n'aurait aimé. Tant pis.

Pour le moment, elle se contente de se dresser devant lui, tellement enragée qu'elle en tremble presque. Ses mâchoires sont si serrées qu'on peut entendre ses molaires grincer, et elle doit consciemment se retenir de ne pas juste lui balancer sa hache en pleine face, finalement. « J'en ai rien à foutre de ne pas pouvoir remettre les pieds sur les Plaines de Shaal, ou de risquer ma vie si je le fais, c'est pas le problème. » Et vraiment, que Caliban Kazrel n'arrive pas à le voir l'étonne. Elle le pensait plus intelligent que ça. « J'arriverais presque à passer outre la façon dont tu as joliment violé ma vie privée en allant fouiller, parce que t'es allé fouiller, n'essaie même pas de le nier. »

Et peut-être que c'est ça qui fait le plus mal, dans l'histoire. Pas que ça l'étonne venant de lui. Elle le connaît, à force. Mais il aurait pu simplement lui demander, au lieu d'aller mettre ses sales pattes partout dans son passé. « Connard. » Ca sort tout seul. Sans qu'elle puisse s'en empêcher.

Il y a trop de choses qui se bousculent, trop de choses qu'elle a envie de lui balancer à la figure, toute une rage qu'elle a envie de laisser éclater. Tellement qu'elle ne sait même pas par où commencer, alors elle se contente de renifler bruyamment. Et de tourner les talons pour s'éloigner à grands pas, histoire de passer ses nerfs sur quelque chose qui ne sera pas humain.

Elle espère juste qu'il n'essaiera pas de la suivre, sinon elle risque de vraiment perdre son calme.

The Devil's Pact @Sveira Ingan

La réaction ne se fait pas attendre.

Une douleur inouïe lui transperce le visage. Le nez plus particulièrement. Un grognement franchit les lèvres de Caliban alors que le gobelet lui foudroie la face. Un craquement sourd retentit en même temps qui ne laisse aucun doute sur son origine. Le battement de son coeur pulse dans l'arrête de son nez et il voit même quelques étoiles à travers ses paupières fermées.

Malgré tout cela, il l'entend à travers la douleur. Une autre forme qui transperce la voix de la jolie rousse. Et sa propre douleur se mélange à son rire ironique au milieu de tout ce mélange d'émotions. Sa main portée à son visage, les doigts se teintent de sang qui coule de son nez cassé. Il devrait avoir peur de la rage qui fulmine dans la voix de son interlocutrice, de sa hache si lourde qu'il ne parvient pas à la soulever, à tout ce qu'il vient d'engager. Pourtant, il en rit légèrement. Il aurait dû s'en douter après tout. Au moins, trouver un moyen de se protéger. Au moins est-ce en partie mérité. « Pourquoi est-ce que je le nierai ? Je ne suis pas idiot. » et surtout, il n'est pas totalement malhonnête. Pas avec elle.

Mais l'adjectif sort de lui-même. Combien de personne le lui avait lancé à la figure ? Tellement, qu'il ne les compte plus. Cela ne l'atteint pas, d'habitude. D'habitude. Pourtant, sans qu'il ne sache pourquoi, il y a une petite pointe qui se pince quelque-part dans sa poitrine. Comme une forme ... d'injustice. D'habitude, il se serait simplement contenté de cela, aurait cherché un autre subterfuge, une autre approche. Mais cette pointe se mue en tempête alors qu'il se lève de sa caisse pour la suivre dans le campement où elle tente de fuir qu'il lui lance à la figure, tel un inconscient : « Menteuse. » le rire amère charge la suite de la tirade : « Finalement, tu es comme les autres. De ces personnes qui ne font que se mentir à elle-même autant qu'aux autres, en quoi es-tu si différente de moi, finalement ? ». Il la suit et il sait que c'est risqué. Comme la plupart des paris qu'il fait : «Tu ne réagirais pas de cette façon, si tu n'en avais rien à foutre. Evidemment que c'est un problème, tu ne hurlerais pas au monde si cela n'en était pas un. Tu me grommellerais pas rien qu'à l'idée de croiser l'ombre de ton frère. Et ne fais pas l'offusquée de mon comportement. Tu me connais. ». De la provocation, même si ce n'est clairement pas la meilleure idée qu'il ait eu, néanmoins, il sait que cela a besoin de sortir. Qu'il faut qu'elle l'admette. Qu'elle fasse face à la réalité. C'est le seul moyen pour lui de ne pas perdre la face et pour qu'elle avance. Il y croit.

« C'est l'évidence même que tout ce merdier te touche. En même temps, comment pourrait-il en être autrement ? Avec un frère pareil et ces ultimatum merdiques ? Et tu le sais, à force de me l'entendre dire, que j'exècre au plus haut point tous ces merdeux qui se pensent capable de dicter la vie des autres. » Des rires dans les couloirs, au milieu des remarques acerbes. Souvenir que l'on repousse au plus loin de son esprit, ce n'est clairement pas le moment. Mais son nez lui fait mal, douloureux rappels de blagues stupides d'étudiants qui ne tournent pas très bien. « Je te propose une porte de sortie. Une solution. Même si tu te doutes bien que je ne le ferai pas que part charité, mais je sais aussi que c'est la bonne solution, pour tous les deux. ». Le pire est qu'il y croit. Dur comme fer. Fuyant ses propres émotions dans cette solution accessible, dangereuse et qui ... Le protègerait. De lui-même et ces foutues émotions.

The devil's pact

@Caliban Kazrel

Elle a envie de frapper quelque chose. Quelqu'un. N'importe quoi, vraiment, du moment qu'elle peut passer ses nerfs seule et surtout loin des gens. Mais Caliban Kazrel est un idiot, en plus d'être un connard, et il la suit — continue sa diatribe qui ne fait que raviver sa rage, brûlante et vivace, encore plus à l'insulte qu'il lui balance.

Elle est susceptible, Sveira. A l'extrême parfois, et plus d'une fois elle s'est retrouvée à taper sur la tronce de gens qu'elle considérait comme des amis à cause d'une parole un peu maladroite. Se faire traiter de menteuse, par contre, c'est bien quelque chose qui l'horripile, et elle lui laisse à peine le temps de terminer sa diatribe qu'elle l'a déjà attrapé à la gorge. Elle le plaque violemment contre le tronc d'un cèdre sans doute plusieurs fois centenaire. Sa hache s'abat dans le tronc à quelques millimètres à peine de la tête de Caliban, et c'est un testament à la fureur qui l'agite puisqu'elle la manie d'une seule main en dépit du poids. « Maintenant tu vas fermer ta grande gueule et tu vas m'écouter attentivement parce que t'as absolument aucune idée de quoi tu parles, » qu'elle siffle, et sa voix est profondément venimeuse.

Sa prise est peut-être un peu trop forte sur son cou. Elle va laisser des bleus, mais elle a encore assez de jugeote pour desserrer sa prise — juste assez pour ne pas lui donner l'impression d'étouffer, en tout cas, mais elle ne va pas le laisser s'échapper aussi facilement. Le regard qu'elle pose sur lui est glacial, bien différent de celui qu'elle lui adressait à peine quelques minutes plus tôt, et son ton a pris la température de la chaîne du Poll — loin en dessous de zéro. « Je m'en cogne d'avoir été exilée. Oui, mon peuple et mes terres me manquent, mais la décision de partir était mienne et uniquement mienne. Mets-toi bien ça dans le crâne avant d'essayer de faire ton psychologue des rues. » Et ce n'est que le début de sa propre tirade. « Je suis partie parce qu'il était hors de question que je me retrouve coincée sur les Plaines avec cinq mômes à vingt-cinq ans à peine sans avoir eu la possibilité de voir le monde de mes propres yeux. Je suis partie pour ça, ça fait trois ans que je m'accroche avec mon frère pour ça, et toi tu voudrais que je lui donne raison ? »

Beaucoup considéreraient ça comme de la fierté mal placée. Mais Magnus et elle ont été taillés dans la même pierre, intransigeante, immuable. Deux têtes de bois qui passeront sans doute leur vie à se cogner dessus, littéralement et métaphoriquement. Sveira finit par lâcher Caliban, toutefois, et déloge son arme du tronc où elle l'avait fiché avec un geste sec. « T'as beau penser tout savoir, t'es vraiment un abruti fini qui n'a absolument aucune idée d'où il met les pieds. Il est hors de question que je donne raison à mon frère, tout chef de clan qu'il est, et même si j'acceptais ce... contrat que tu me proposes, il ne sera jamais content. Le but c'était de me refourguer à un Herdan pour renforcer les alliances entre les clans, pas que je m'amourache d'un Alavirien ou d'un Aline, tout Mercurien que tu sois. » Et vraiment, que Caliban ne comprenne pas ça l'étonne vaguement. Des deux, c'est bien lui le plus versé en politique pourtant, mais elle suppose que les us et coutumes des Thüls sont bien différents de ce qu'on peut trouver ailleurs.

Ceci étant dit, elle renifle, Sveira, se recule de quelques pas pour le toiser sévèrement. Plus la moindre trace d'amitié sur ses traits alors qu'elle balance sa hache en travers de son épaule. « Puis avant de me traiter de menteuse, tu devrais te regarder dans la glace, Kazrel. S'il est hors de question que je me marie par principe, le jour où, par miracle, ça devait arriver, c'est certainement pas pour servir de bouche trou. » Parce qu'elle est loin d'être idiote, la rouquine. Et si Caliban a décidé de jouer au coureur et de se fourrer la tête sous terre concernant une certaine Faëlle, peut-être qu'il a besoin d'être secoué un bon coup. « Assume tes propres sentiments avant de me parler des miens. »

La pique fait sans doute mal. Tant pis pour lui.

The Devil's Pact @Sveira Ingan

C'est dangereux ...

Une petite voix d'avertissement qui retentit quand une limite est franchie. Toujours prévenante, toujours présente. Il sait ce qu'il risque, toujours calculé, toujours mesuré. Il est aux aguets et pourtant se laisse faire quand une pointe de fer s'empare de son coup. Un frisson fugace presque agréable le traverse remplacé par l'adrénaline qui commence à diffuser dans ses veines. Son esprit qui pousse un pied dans l'Imagination, juste au cas où, par simple précaution. Prêt à dégainer pour s'en tirer au moindre faux pas, pourtant la hache se fixe juste à côté de lui et l'air lui revient doucement dans les poumons alors qu'elle continue ses explications.

A chaque mot prononcé, chaque cri qui sort, le portrait se dessine de plus en plus dans l'esprit du manipulateur. Son sourire déformé qui peine pourtant à le quitter à mesure qu'il se rend compte à quel point il a frappé juste. A quel point elle se livre, que les mots ne semblent plus s'arrêter de sortir pour le remettre à sa place. Elle lui demande d'écouter et ce qu'il fait avec attention. Chaque information est toujours bonne à prendre, même s'il se rend compte d'un certain détail : elle connait peut-être son frère, mais pas la complexité du monde. Cela le frappe de plein fouet et le toucherait presque.

Elle finit même par le relâcher, sans pour autant s'interrompre. Encore des paroles qui affluent et précisent les idées qu'il a d'elle. De toutes cette situation. « Je ne veux pas que tu lui donnes raison. Je veux au contraire que tu l'emmerdes bien profond. ». Piner le système. Le retourner contre son propre créateur. Démontrer que les règles du jeu instaurées ne sont qu'un ramassis de conneries que l'on peut tordre à sa guise. Il se caresse la gorge alors qu'il se redresse de toute sa -petite- hauteur. « Et c'est là, que tu te trompes. Que tu ne vois qu'une partie du tableau, celle que l'on t'a toujours présenté, celle de la fille d'un clan Thül, si réducteur ... ». Un coup de manque sur le sang qui continue de couler de son nez avant de reprendre : « Il est un chef de clan. Un leader. Ses préoccupations vont bien au-delà de son simple honneur ou de ses traditions. Il a la responsabilité de tout un groupe, celles de les protéger, de les nourrir, de les diriger et de s'assurer de leur survie. De leur bien être. De leur expansion. ». Tous les leaders sont les mêmes et possèdent les mêmes objectifs, lui, parvient enfin à le voir, après toutes ces années. « Votre peuple est au bord du précipice. Limité dans leur nombre et surtout limité dans leur territoires et leurs ressources, tous Frontaliers arrogants qui les cantonnent à leurs plaines. » Il crache au sol les reste qui finissent de coaguler dans sa bouche, le goût de fer prenant toute la place de la bière précédente. Bien dommage. « Un alavirien ou un alines quelconque ne ferait jamais l'affaire en effet. Mais moi, je peux lui apporter l'argent, les vivres, les armes et ... Un prétexte pour traverser le Pollimage. ». Peut-être dévoile-t-il ses cartes un peu tôt, mais il sait que c'est un risque à prendre. « Tu es déjà issue de l'union avec un autre clan, des alliances, il en a donc déjà. Sans compter que tu n'es peut-être la dernière Ingan, mais il lui reste aussi un frère à marier. Il ne lui reste plus qu'à faire en sorte que tu participes au repeuplement. Ce qui ne risque pas d'arriver, parce que contrairement à n'importe quel autre homme, je n'exigerai jamais cela de toi, mais il n'a pas besoin de le savoir tout de suite. » même s'il risque, encore une fois, de ce prendre une volée de bois verts à évoquer cela, autant lui montrer où il veut vraiment en venir. Tous les points de ce contract qui arrangerait le plus grand nombre.

Jusqu'à ce qu'elle finisse par mordre aussi. Et cette fois-ci d'une façon qu'il n'attendait pas. Il se redresse d'un coup, droit comme un "i", tendu comme il ne le fut pas depuis longtemps. Ses dents se serrent à la dernière tirade quand ses yeux se mettent à flamboyer comme rarement. « Les sentiments sont une faiblesse. » sentence prononcée d'une voix beaucoup trop dure. Tranchante. « Il suffit de voir avec quelle facilité je t'ai fait sortir de tes gonds et obtenu toutes les informations dont j'avais besoin. Des réactions vives, sans réfléchir et des moyens de pressions mis à nus sans la moindre jugeote. ». Ses points se serrent alors qu'il se rend compte qu'il tombe aussi facilement de ce propre panneau. « Manipulable. ».

Il prend alors une profonde inspiration pour tenter de calmer la tempête qui fait rage dans son esprit, même si une part de lui se trouve encore dans l'Imagination. « Tu viens donc de comprendre l'une des raisons qui me pousse à te proposer cela. » le ton se fait plus informel, presque détaché. « Et le terme de "bouche-trou" ne serait clairement pas approprié, vu que ce n'est pas comme cela que je te considère. ». Et il est encore cruellement sincère dans ses paroles. Quand il y pense, il n'a jamais cessé de l'être avec elle, encore moins depuis plusieurs minutes, et il en hausse légèrement les sourcils de surprise.

Ce n'est clairement pas comme cela qu'il la considère ...

The devil's pact

@Caliban Kazrel

C'est une joute verbale qui s'engage. Tout ce que Sveira déteste — elle a toujours été plus douée avec ses armes, ou à défaut ses poings, qu'avec sa langue, quand Caliban sait exactement où appuyer pour faire mouche et surtout faire le plus mal possible sans même avoir besoin de tirer une lame de son fourreau. Et si elle adore ce talent qu'il a quand il est dirigé vers les autres, en cet instant précis, étant la cible de ce barrage verbal qu'il lui balance en pleine figure, elle le déteste profondément.

Et vivement. Elle a une envie terrible de l'étrangler de ses propres mains pour qu'il se taise.

« Sans blague. C'est pas comme si j'avais été autour d'un chef de clan toute ma vie, » qu'elle ironise, le sarcasme qui dégouline de sa voix comme un miasme purulent. Son frère, et son père avant lui — elle a été une des privilégiées pour voir exactement à quel point ce rôle peut être taxant. Et à quel point il peut changer les gens, aussi. Il y a dix ans de ça, jamais Magnus n'aurait ne serait-ce que songé à lui imposer comment vivre sa vie, et pourtant voilà où ils en sont. C'est presque triste à en pleurer.

Il mentionne la traversée du Pollimage, des ressources à offrir, et elle rit, Sveira. Mais ce n'est pas un rire heureux, loin de là — c'est sec, cassant, et entièrement dépourvu de chaleur. « Tu peux remercier les Ts'liches et leurs idées tordues du jeu pour notre nombre réduit. Mais vraiment, t'entendre vomir ces inepties totales me rassure à moitié. Tu ne connais vraiment rien des Thüls, j'en rirais presque si ce n'était pas aussi désolant. »

Elle se tient devant lui, le dos droit, la tête haute et fière. Une guerrière en dépit de son corps presque frêle, aux mains calleuses et aux muscles qui roulent sous le cuir de son plastron, et surtout à l'expression furieuse. « Les Plaines de Shaal sont les terres de nos ancêtres. Nos terres. Notre fierté et notre réussite, et rien ni personne n'arrivera à nous en déloger. Les Thüls n'ont jamais eu d'envies d'expansion, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. » Et elle sait de quoi elle parle. Fille et sœur de chef, et surtout petite fouineuse qui adorait laisser ses oreilles traîner près de portes closes, elle est en possession d'un petit nombre d'informations que certains adoreraient avoir entre leurs mains.

Des informations qu'elle aurait pu partager, fut un temps. Mais qu'elle décide finalement de garder pour elle, parce que même si sa pique était basse et a sans doute fait plus mal qu'elle n'aurait imaginé, la réponse que Caliban lui balance la touche bien plus profond qu'elle n'admettra jamais. Elle se fige un moment, le visage qui se tord brutalement dans une expression douloureuse qu'elle n'efface pas assez vite. « Wow. » Ses poings se serrent, tellement fort que ses phalanges virent au livide, mais elle ne le frappe pas. Peu importe à quel point elle en a envie. « Je savais que tu étais un connard, mais je ne m'attendais pas à ce point. »

Manipulable. L'insulte pique vivement, plus encore que le menteuse qu'il lui a balancé il n'y a pourtant pas si longtemps. Sa mâchoire se crispe dans une expression désagréable, puis elle finit par secouer la tête, et la déception est évidente sur ses traits. « Tu sais, je te considérais comme un ami, Caliban. Un peu con, souvent maladroit, mais un ami. J'aurais aimé savoir avant que tu me voyais que comme un moyen d'arriver à tes fins, peu importe ce que c'est. Ca m'aurait évité de perdre autant de temps. » Sa voix est étrangement calme. Factuelle, sans la moindre trace d'émotions, alors qu'elle hisse son arme un peu plus haut sur l'épaule et qu'elle secoue la tête. « Démerde-toi. Que ce soit avec les Thüls, avec ces sentiments que tu considères comme une faiblesse, ou avec Karha, j'en ai plus rien à foutre. Fous-moi la paix, ne m'adresse plus la parole. »

Elle se détourne, prête à s'éloigner, mais marque une dernière pause. « Par contre si j'apprends que tu l'as blessée de quelque façon que ce soit, j'aurai tes couilles et je te les ferai porter en collier aussi longtemps qu'elle le décidera. C'est compris ? »

Et c'est une menace qui a des accents de promesse.

The Devil's Pact @Sveira Ingan

Toute la fierté et la naïveté Thüles à son paroxisme. Parfois, Caliban oublie que Sveira n'a que 25 ans ... Et qu'elle n'a probablement pas vécu ce que lui-même a pu traverser. Il l'en excuserait presque s'il n'essayait pas de lui faire comprendre. Ca viendra ... Mince espoir qui subsiste quand même. « Une telle fierté que c'est l'empereur lui-même qui vous y a parqués, comme de gentils siffleurs pour ne pas embêter ces si précieux Frontaliers. », la fin de la phrase est dite avec un rejet palpable, l'ironie de la situation le fait rire jaune, il comprend totalement la hargne qui anime les Thüls envers leurs rivaux froids. Il a toujours haï les préférences, mesurant toujours les âmes à leurs compétences qu'autre chose. Alors, voilà pourquoi il est aussi dur avec elle. Aussi honnête et aussi franc.

Probablement est-ce pour cela qu'il est tout aussi cruel dans sa réponse. Il lui doit la vérité. Il n'a pas d'autre choix. Le souvenir fugace de cette dernière soirée au Reflet de Lune passe, le coeur déchiré en deux après cette conversation qu'il a eu avec elle, Karha. Il l'écarte d'une pensée, se focalisant plutôt sur la réaction de la rousse. Celle-ci l'étonne quelque-peu, s'attendant encore à une effusion face à ces phalanges blanchies de rage, mais, au contraire, reste stoïque et froide. Un sourire étire les lippes de Caliban : « Tu apprends vite, visiblement. » mais les paroles suivantes effacent quelque-peu son air satisfait à l'en faire froncer les sourcils. Elle n'a pas tout à fait compris ce qu'il essaye de lui dire : « Tu es mon amie. C'est pour cela que je suis honnête avec toi. J'aurais pu en profiter. Te bercer de douces paroles mensongères et te faire miroiter ce que ta naïveté attend. Tu mérites mieux que ça. » Il aurait pu. Il y a quelques temps, cela aurait même pu être le cas. Pourtant, il l'a côtoyée, Caliban. A appris à la connaitre et s'est attachée à cette gamine fonceuse qui veut croquer la vie à pleine dents et foutre des mandales à un paquet de gens. Ceux qui le méritent.  « Et si tes "amis" ne sont composés que de personnes qui te bercent en te disant ce qu'ils ont envie d'entendre, effectivement, nous n'avons pas tout à fait les mêmes conceptions du monde. Il est dur. Impitoyable. Et les gens passent leur temps à s'utiliser les uns les autres. Les amis sont au moins honnêtes sur cet état de fait. Rien que toi, tu m'utilises, tu me prends pour prétexte pour remettre les pieds ici. L'argent en est un bon, c'est vrai, mais cela revient au même que de me désigner. Je l'accepte, c'est un fait et cela ne me dérange pas. ».

Caliban époussete sa veste, tout en retirant les échardes de l'arbre qui vient de le soutenir tout en supportant le tranchant de la hache. La remarque envers Karha lui arrache une grimace autant qu'elle lui tord les entrailles. Pourtant, c'est un sourire ironique qu'il lui répond, ne fait que peu de cas de la menace claire et nette, même si la fin de sa phrase se fait plus tendu malgré lui : « Ne t'en fais pas pour Karha, c'est une grande fille qui sait parfaitement se débrouiller toute seule. Elle me l'a suffisamment répété avec le temps. » la fois de trop il y a à peine quelques-jours. La pique après qu'il eut le malheur et la faiblesse de s'ouvrir. Peut-être devrait-il se retenir, ne pas laisser trainer sa voix et son regard assombri, pourtant, il le fait : « Elle n'a pas besoin de moi. » et n'en veut pas non plus. Encore une autre.

Il se détourne à son tour, fais quelques pas, même s'il lance une dernière bouteille à la mer :  « Pense-y. Réfléchis-y. Mon offre et mon honnêteté te seront toujours acquises. Grandis et mûris, après tout, tu as encore pas mal de temps devant toi. ». Ses pas le ramène vers le feu qu'ils ont laissé, il a une bière à reprendre après tout.

The devil's pact

@Caliban Kazrel

Elle ne comprend pas, Sveira. Refuse de comprendre, ou peut-être que c'est son éducation, si particulière, qui fait que les paroles de Caliban lui donnent une vague envie de vomir à l'idée de voir son peuple prendre les armes contre le reste d'un Empire qui ne leur a rien fait pour mériter ça. « T'es con ou tu le fais exprès ? » qu'elle demande, sans pouvoir s'en empêcher. Question purement rhétorique toutefois, parce qu'elle enchaîne directement derrière, en secouant la tête furieusement. « J'ai beau aimer mon peuple en dépit de tout ce qui s'est passé, je suis la première à affirmer que nous sommes des crétins incapables de réfléchir plus loin que le bout de nos nez quand il s'agit d'un bon combat. Et même si ça m'arrache la langue de le dire, les Frontaliers sont bien meilleurs que nous. Tu crois vraiment que l'Empereur avait envie d'une nouvelle guerre sur les bras après celle qui nous a opposés aux Ts'liches ? Parce que c'est ce qui serait arrivé. » Il est vraiment infoutu de réfléchir plus, apparemment. Incapable d'un minimum de jugeote quand il s'agit d'un peuple qu'il ne connaît pas le moins du monde. Et peu importe ce qu'il a pu lire dans les bibliothèques de la capitale, les ouvrages sont tellement loin de la complexité de la vérité, c'en est risible.

Sveira en rirait presque. Mais elle n'a plus envie de rire du tout, en cet instant précis. Elle secoue la tête, encore une fois, sa longue tresse rousse qui bat contre ses omoplates comme une flammèche. « Ta vision du monde est bien triste. » Simple constatation. Si elle n'était pas encore aussi furieuse contre lui, sans doute qu'elle l'aurait pris en pitié, et il y a peut-être une trace de tristesse qui s'affiche sur son visage, l'espace d'une seconde. « Tu vérifieras les archives si tu as besoin, mais j'ai toujours refusé les contrats qui partent si loin au nord, parce que même si j'ai envie de revoir les terres qui m'ont vue naître et même si je considère la mort comme une vieille copine, j'aimerais rester en vie encore un moment. Si j'ai accepté celui-là, c'est uniquement par considération pour toi. Parce que tu me l'as demandé. T'aurais pu rien me payer que j'aurais accepté quand même. » Parce qu'il est... était ? un ami. Un des rares qu'elle a, même si elle n'est plus très certaine de la désignation, maintenant. Et elle doit admettre que c'est ça qui fait mal, surtout.

Elle renifle. Une vague envie de chialer qui lui serre la gorge, mais elle ne lui fera certainement pas ce plaisir, et elle se contente d'un sourire amer aux paroles qu'il a envers Karha. « J'ai vraiment rarement vu pire idiot aveugle que toi, et j'ai passé la majeure partie de ma vie entourée de Thüls. » C'est pour dire. Son peuple est connu pour être têtu à l'extrême, pires que des ânes, et si Caliban Kazrel était né sur les Plaines de Shaal, il aurait été un parfait exemple de l'entêtement thül. « De nous deux, ce serait plutôt toi qui a besoin de mûrir. Ce n'est pas moi qui ai tellement peur de mes propres sentiments que je préfère demander à quelqu'un d'autre de m'épouser. » Mais elle est fatiguée, Sveira, et elle met un terme définitif à la discussion en s'éloignant à grands pas.

Il ne lui faut que quelques minutes pour donner ses ordres et seller Hermine proprement. Quand elle revient de sa chevauchée deux bonnes heures plus tard, elle a un peu moins envie de taper sur quelqu'un, et ses phalanges sont salement amochées, mais elle est assez fatiguée pour rejoindre sa propre tente sans essayer de trop penser à ce qui s'est passé. Elle préfère se réserver ça pour le lendemain, et pour tout le reste de la traversée.

Vivement que ce foutu contrat se termine.