Maud était brisée. Après sa confrontation avec Zach, elle avait du mal à tenir debout. Dès les premières lueurs de l'aube, après avoir tenté en vain de dormir un peu, la Marchombre s'était rendue là où elle savait qu'elle trouverait Karha. Elle entra dans le cabaret et trouva son amie sur la scène. Doucement, elle s'approcha, ne faisant aucun effort pour camoufler sa présence. En avançant, elle se prit une table dans la hanche, fit tomber deux verres qu'elle ne réussit à ramasser et renversa un tabouret, qui tomba dans un bruit sourd. Comme un zombie, elle s'approcha lentement de la scène, où Karha se trouvait, la regardant approcher. Maud parvint à s'assoir, avec difficultés, sur le rebord, mais ne put se remettre debout. La jeune femme tremblait de tous ses membres, et les larmes se remirent à couler. Elle fut incapable de lever la main pour les essuyer. Visage trop loin, main trop lourde.
Complètement perdue, elle sentit à peine Karha s'approcher, elle l'entendit lui parler mais ne compris pas un mot de ce qu'elle disait. Elle se contenta de lever un regard vide vers celle qui était de loin sa meilleure amie. Son souffle était saccadé, entrecoupé de sanglots incontrôlables. Maud posa la tête sur l'épaule de la Faëlle et se laissa aller, emportée dans l'étreinte chaleureuse et amicale.
Puis, longtemps après, elle retrouva son souffle et la force de parler.
- J'ai retrouvé Zach.
Elle fut incapable d'en dire plus, et les sanglots reprirent. Elle tenta tant bien que mal d'articuler trois mots :
- Il est mercenaire.
Karha comprendrait sa détresse, elle qui était Marchombre également. Maud lui avait déjà parlé de Zacharya, son ami d'enfance, qu'elle avait perdu de vue après avoir accepté la proposition de Barlow.
Les mains de Maud tremblaient sans qu'elle puisse les contrôler, et elle se maudit d'être aussi faible. Elle voulait se redresser, faire comme si de rien n'était, mettre un masque de neutralité, mais elle en était incapable. Revoir Zach avait été un choc. Apprendre qu'il était devenu Mercenaire du Chaos, un destin à l'opposée du sien, l'avait brisée.