code zero (karha)

La nuit touche à sa fin. Les derniers rayons de lune laissent petit à petit place à la lumière rose de l'aube, les premiers éclats solaires guident les plus tardifs des hôtes du Reflet de Lune hors de l'établissement et jusqu'à leurs pénates - lits maritaux tristement esseulés, longues journées harassantes, interminable ennui du quotidien. L'illusion touche à sa fin et tou.te.s doivent retourner à leur réalité, avec plus ou moins de peine. Toutefois, pour Micale comme pour toute son équipe, le temps est inversé, le sablier coule à l'envers, les grains de sable s'envolent. Le jeune Aline essuie un dernier verre, qu'il range à l'aide d'une rampe Dessinée qui s'évapore une milliseconde trop tôt ; ou presque ; le récipient vibre, tournoie, et s'immobilise sous le regard exténué mais ravi de Mick.
Dans un geste machinal, habituel, il passe le chiffon de la vaisselle sur son front, récupère quelques gouttes de sueur puis balance le linge dans le panier dédié. Il s'en occupera plus tard. Il est temps d'aller nettoyer la magie du spectacle, la transpiration des danseur.se.s, l'haleine des alcooliques ; de laisser couler l'expérience d'une nuit au Reflet de Lune sous l'eau. Iel est heureuxe mais éreinté.e et n'a qu'une hâte : retrouver Karha pour boire un thé brûlant avant d'aller se coucher. Un dernier tour de la salle principale et des toilettes l'informe qu'iel est seul.e. Un tour de clé dans la serrure principale et Micale titube jusqu'aux espaces privés, réservés à l'équipe du cabaret. Là, iel croise encore quelques collègues, une danseuse fatiguée sous son maquillage, à qui il fait un bisou réconfortant sur la joue avant de lui souhaiter de bien dormir, et plusieurs silhouettes qu'iel ne prend pas la peine d'identifier. Il n'y en a qu'une qu'il veut voir.
Iel lève la main, s'apprête à toquer sur le battant de bois, quand ce dernier s'ouvre et révèle devant Mick une Karha toute habillée... pour une excursion en ville. Une pierre tombe dans l'estomac du Dessinateurice. Toute son attitude change brusquement, son corps se tend, son regard se fait glacial. Iel croise les bras en toisant sa camarade. Hello. D'abord, une salutation : c'est le même mot que d'habitude, seul le ton change. Ça va ? Ensuite, une ouverture de discussion : venimeuse où elle est habituellement douce, sarcastique où elle est habituellement empathique. Tu vas quelque part, peut-être ? Le coup final. Mais au fond, un espoir : peut-être allait-elle lea prévenir, ne pas partir comme une voleuse, lea traiter avec égard, prendre en considération ses sentiments... S'iel souhaite toujours que Karha erre entre les quatre murs du cabaret, iel sait bien qu'il est impossible - et insouhaitable - de la retenir prisonnière ici. Iel aimerait seulement être tenux au courant, au fond. Pris en compte.

@Karha Iorweth