asymptomatically (nelis)

L'excitation du milieu de service fourmille dans ses membres et se concentre au bout de ses doigts agiles. Entre deux réalisations de cocktails, Micale ne peut s'empêcher de les frapper en rythme contre le comptoir, de toucher chacun de ses doigts à son pouce à intervalles réguliers, et de petites étincelles lui échappent parfois, débordent par son sourire lumineux, gonflent son ventre vide. Iel finit par céder. Tu prends la relève. Trente minutes. Son collègue l'observe quelques secondes d'un air étourdi mais Mick se contente de lui sourire de toutes ses dents, de lui donner une énorme claque dans le dos en guise de "bon courage" puis de s'éloigner en sautillant. À peine a-t-iel franchi le seuil de l'espace réservé aux hôtes, qu'iel a changé d'apparence. Sa tenue, flamboyante mais pratique, laisse place à une superposition de cuirs et de boucles de métal clinquant. Iel se mêle à la foule, sinuant parmi les corps comme un poisson dans l'eau - parfaitement à sa place.
Iel s'approche de la musique, encore, encore, encore, jusqu'à ce que ses tympans vibrent en cœur avec la peau tendue des percussions. Micale ferme les yeux et lea voilà emporté'e dans la danse, iel tourbillone, parfois des esquisses de Dessins volent dans les airs avant de s'évaporer, des crayonnés de visages souriants, des volutes de mélodies inachevées, des gestes brutalement freinés, un trop plein d'énergie qui s'échappe de l'Aline. Iel bondit, rugit, vit, jusqu'à ce que, essoufflé'e, iel échoue sur les rives plus calmes des bords de salle. Là, ce ne sont plus les corps qui dirigent : les verres sont rois. Quelques paroles s'échangent, beaucoup de regards s'échappent. C'est l'un de ceux-là qui capte son attention, un regard différent, un regard... perturbant. Toute chose considérée, cela ne fait pas si longtemps que Micale travaille (existe) au Reflet de Lune ; pourtant, déjà, iel développe la capacité à répéter qui n'est pas à sa place (peut-être connait-iel trop cette sensation pour passer à côté de ses expressions).
Pourtant, l'homme est là, immobile. Stoïque statue grecque au milieu d'une orgie romaine. Micale le détaille quelques instants, ses traits bourrus, sa chevelure guerrière, son regard perçant. L'alcool n'en trouble pas les contours, pas plus que les vibrations ambiantes. Délicatement, presque sans en avoir conscience, hypnotisé'e par cet inconnu (d)étonnant, Micale se met à tisser une très douce attraction de l'homme vers ellui, juste assez pour qu'il lea suive jusqu'au bar, où son travail l'attend. Lentement, l'Aline fait marche arrière, mais toujours en gardant un œil derrière lui, pour s'assurer qu'iel est suivi'e. Et c'est avec émerveillement qu'iel constate la puissance magnétique de l'inconnu, devant qui les corps s'écarter pour le laisser passer. Cette fin de nuit sélénite s'annonce prometteuse. Alors que Mick reprend l'apparence et la place qui sont siennes, son attention ne quitte pas l'objet de sa fascination temporaire, son regard revient à son visage un peu trop régulièrement, et dès que le verre est vide, iel saute sur l'occasion. Accoudé'e au comptoir, l'œil provocant, iel se penche vers l'invité. J'vous ressers ? Aux frais de la maison, tentez des folies !

@Nelis Gonques