temps d'chien (askian)

Askian exagéré ? Souvent. Définitivement. Le large sourire qu’il arbore subitement en dit long sur sa réponse muette. En revanche, il ne mentait pas en disant que ses ronflements avaient fait fuir tout l’écosystème de la caverne. Qu’Alaric croit qu’il s’agisse d’un mensonge s’il le souhaite, mais le rêveur était parfaitement réveillé à ce moment-là. Il savait. Les mots suivants en revanche lui font pencher malicieusement la tête sur le côté tout en claquant sa langue contre son palais. Ses doigts viennent glisser sur le col de son haut, tout aguicheur qu’il est. « Si tu veux mon avis, tu en es d’autant plus gagnant… N’est-ce pas ? ». Il a rapproché son visage du sien en disant cela, ses lèvres à portée des siennes de manière dangereuse. Mais avant qu’une idée salace ne vienne lui trotter dans la tête, Ask disparaît de son champ de vision sans demander son reste en vue de s’habiller chaudement.

Finalement, affublé de la dose de pulls et de son épaisse veste, il ne peut résister à l’envie de l’embrasser une fois son office effectuée. Oh, Alaric avait bien essayé plus d’une fois de piquer les sucreries qu’il réserve en général aux jeunes enfants ayant besoin de soins, mais il préférait de loin le récompenser pour sa bravoure de guerrier d’une toute autre façon. Ses yeux clairs roulent soudainement dans leurs orbites en entendant la pique de Ric concernant la crème appliquée sur son visage. Il ne pouvait vraiment pas s’empêcher de jouer à la bagarre verbale quand il le voulait, n’est-ce pas ? Néanmoins amusé, Askian sourit en coin et lui tape l’épaule. « Raison de plus pour avoir un garde du corps apparemment ! ». Puis ils sortent tous deux, le rêveur ne se faisant pas prier et laissant la charge à Alaric de fermer leur maison à clé.  

La promenade en forêt est revigorante malgré le froid. Une chance que Ric lui ait conseillé de s’habiller chaudement car il serait déjà en train de grelotter. Askian pouvait parfois être tête en l’air sur ce genre de choses, et ce malgré les nombreux mois d’errance. C’est comme s’il avait retrouvé une toute petite part de naïveté en acceptant enfin de se libérer de toutes les chaines qu’il s’était mises aux poignets. Voir son ours des cavernes aussi sérieux et concentré finirait presque par le rendre nerveux, raison pour laquelle il forme une boule de neige entre ses doigts et la lui lance sans vergogne sur son joli fessier. Droit dans le mille ! Riant aux éclats, l’entendre grogner ne fait qu’accentuer son amusement tandis qu’il le rattrape. Il n’y a pourtant toujours aucun rougeoyeur en vue, au grand damne d’Askian, mais par le ciel qu’est-ce qu’il s’amuse ! D’autant plus lorsque Ric semble d’accord avec l’idée proposée. S’arrêter quelques temps dans une grande ville ne pourrait pas faire de mal pour leurs fonds. Ca permettrait au rêveur de récolter suffisamment d’argent pour faire quelques économies. Jamais Ask n’avait demandé à Alaric de participer aux frais. Il savait que de toute manière ce que le soldat gagnait par ses propres moyens finirait dilapider dans la boisson plusieurs soirs d’affilés. Le pire étant qu’il ne lui en voulait même pas pour ça… Il avait vu la cassure chez Ric dès le premier jour de son réveil à la citadelle. Et il l’avait comprise encore plus en apprenant ce qui s’était passé. Les autres rumeurs officielles n’avaient jamais trouvé preneur chez Askian. Il se doutait parfaitement que c’était faux et qu’ils essayaient de faire croire uniquement ce qu’il voulait. Ric n’était pas au courant de ce que pensait son compagnon sur le sujet, car ce n’était pas l’un de ceux qu’ils abordaient. Ce n’était surtout pas l’un de ceux qu’on abordait. Mais le soldat parlait parfois dans ses cauchemars, et Ask veillant au grain, n’en ratait jamais une miette.

« Ils n’ont rien évoqués du tout. Juste que je ne pourrai pas les rater quand j’en verrai un. ». Sa réponse résonne entre les buissons et les troncs mais est aussitôt balayée comme le vent lorsqu’il voit Alaric se tendre et pointer son arme de fortune vers l’un de ces fameux buissons, justement. Par précaution, Askian se décale pour venir se caler à quelques pas dans son dos. Il se penche ensuite de côté pour observer ledit buisson et manque éclater de rire en apercevant le lapin qui fuit et passe à côté de lui. L’ordre du guerrier tombe et le rêver plaque une main gantée sur sa propre bouche mais ses yeux ne mentent pas. Il rit de l’intérieur. Quand il est sûr de ne pas se mettre à rire de façon sonore, il retire ses doigts et hoche la tête, levant les yeux vers lui. « Avoue quand même que c’est un peu drôle… Je crois qu’il a été plus terrorisé par toi que toi par… ». Un grognement assourdissant retentit et fait soudainement dresser les cheveux sur la tête d’Askian. « Ah… Euh… Oh. ». Un ricanement nerveux lui échappe tandis qu’il commence à reculer. « En fait je crois plutôt que le lapin fuyait… ». Un nouveau grognement retentit, plus proche et il entend des arbres se mettre à craquer. « Ca. Il fuyait ça ! C’est le moment où on coure non ? ». Qu’il demande en dernier tout en étant déjà en train de s’activer sans attendre de réelle réponse. Cavalant dans la neige et évitant les racines, Askian n’a probablement jamais couru aussi vite de toute sa vie. Alaric près de lui, il se met néanmoins à beugler pour couvrir le vacarme. « Tu as le droit de dire que c’était encore une fois un plan foireux, je te crois maintenant ! ».